Des biais cognitifs en fonction des problèmes de perception de l'information

Introduction

Limiter l’effet des biais cognitifs ne signifie pas les combattre ou les faire disparaître. Ils ne sont pas là par hasard, ce ne sont pas toujours les nôtres et ils procurent parfois un certain bénéfice. D’ailleurs, le terme de biais, lui-même, est discutable. Il est à considérer en perspective de son rapport à la logique contemporaine. Alors, il serait peut-être plus juste de considérer qu’il s’agit d’archaïsme de notre cerveau reptilien ?

L’illustration ci-dessus considère le point de vue de notre perception de l’information (il y en a d’autres). Notre cerveau reçoit des dizaines de milliers d’informations par jour et il doit décider ce qu’il doit en faire. Alors il automatise et filtre mais comment gérer les cas particuliers ? D’un autre côté, l’information peut être insuffisante pour prendre une décision éclairée. Le cerveau complète alors artificiellement le tableau. Il y mettra des couleurs si l’image est ambiguë et se convaincra qu’il comprend suffisamment. En d’autres circonstances, il se laissera abusé en omettant de prendre en compte le contexte. Ceci lui permet de faire des économies de traitement et, au final, déformera ce qu’il garde en mémoire pour diverses raisons, notamment liées à l’émotionnel.

Faîtes connaissance avec les biais évoqués dans cet article en lisant celui-ci.

Nous vous faisons ici 12 propositions pour les prendre en compte.

Propositions pour limiter l’effet des biais cognitifs

Certains biais influencent la prise de décision. Lorsqu’un problème est présenté de manière orientée (biais de cadrage), lorsque je suis seul à décider et que le problème dépend de mes capacités (excès de confiance), lorsque je dispose de peu d’informations et/ou que j’ai des a priori (biais de représentativité), lorsque je pense que l’inaction me dédouane de ma responsabilité (biais d’omission) ou encore lorsque je décide et que je ne suis pas très ouvert à la contradiction (biais de confirmation).

Pour tenter d’assurer des décisions plus justes, je peux envisager de « confier » la décision : soit à un cadre collectif, soit à un processus (soit à un processus faisant intervenir le collectif). Il s’agit d’établir les règles du jeux préalablement, dans un contexte bien identifié. Mais aussi de définir les rôles, les critères, les calculs et mécanismes de contrôle… et de les respecter.

Alors, je profite du collectif pour disposer d’un contexte plus fiable et stable, plus réaliste, plus inclusif Ainsi, j’ai de forte chance de limiter l’effet des biais cognitifs qui affectent mon jugement.

BeetleDo propose un type de tâches « décision ». Il se combine avec des todo de base qui pourront permettre de définir : des critères, des données chiffrées pour les évaluations, des listes de choix pour identifier des contributeurs… et vous trouverez des « howto » sur le site ou la chaîne Youtube de BCS.

Confier la décision

Certains biais affectent notre capacité à établir un lien entre cause et effet (illusion de corrélation). D’autres nous conduisent à évaluer la probabilité d’un événement de manière caricaturale (biais de représentativité). D’autres encore faussent notre évaluation du niveau d’impact d’un événement (biais de statu quo). Lorsque l’impact est négatif, nous sous-estimons les risques sans en avoir conscience. Lorsque l’impact est positif, nous réduisons nos chances de saisir les opportunités.

Identifier les risques significatifs. Ensuite, évaluer une probabilité et un impact. Alors, décider de comment les réduire (ou amplifier s’il s’agit d’opportunités). Pour cela, désigner un porteur et envisager un plan d’action. BeetleDo propose une modélisation simple. Et surtout, nous permet d’intégrer la gestion des risques dans nos projets.

Ainsi, je peux accorder plus de crédit à mon jugement et regarder l’avenir avec plus de sérénité. En tout cas, j’aurais la conscience que j’ai fait ce qu’il m’était possible de faire pour en maîtriser les contours. Cette deuxième proposition permet de limiter l’effet des biais cognitifs qui inhibent ma capacité à faire une analyse logique de l’environnement qui m’entoure.

Formaliser les risques et les opportunités

Foi et croyance nous conduisent à penser qu’il est inutile de formaliser nos objectifs (biais de croyance) et que notre vision est nécessairement partagée (biais de conformisme).

Identifier des objectifs fondamentaux, les missions, la raison d’être ou d’agir. Décrire comment nous envisageons de les satisfaire et le faire de manière formelle permet de partager et de confronter ce que l’on veut en tant que personne ou représentant d’une organisation. Cette formalisation a un autre bénéfice de taille, celui de s’inciter à la cohérence et à la complétude.

BeetleDo permet d’établir une liste des objectifs et de les relier à des caractéristiques, des moyens, des évaluations. Le blog de BCS, au travers de l’article sur la définition des objectifs vous aidera à les considérer sous différents points de vue.

Formaliser la stratégie

Notre égo nous met en position de dualité. Et pour peu que nous ayons des responsabilités que le reste de l’organisation n’a pas, nous sommes facilement exposé à la solitude du manager. Ceci induit des erreurs de jugement du simple fait qu’il n’est pas confronté à la réalité du terrain. Celui-ci nous apporte un retour d’expérience, qui contrerait les biais tels que l’effet de Dunning-Kruger.

Transformer des relations hiérarchiques en relation de coopération, devenir exemplaire, contribuer directement… c’est créer un environnement faisant circuler les informations qui rendent les décisions plus réfléchies, les appréciations de chacun moins arbitraires.

S’appuyer sur un outil de gestion de projet permettant la collaboration active comme BeetleDo et s’appuyer sur des méthodes encourageant l’autonomie et l’implication (comme les méthodes Agile) est un moyen de proposer à notre cerveau un cadre sécurisant pour qu’il puisse renoncer à l’usage de certains biais « archaïques ».

Développer le leadership

Il n’y a pas de succès sans acteurs pour le construire. Acteurs qui sont porteurs des compétences et savoir-faire nécessaires au bon déroulement de la construction. Mais ignorer que disposer des compétences n’est pas une condition suffisante relève d’un biais (l’erreur fondamentale d’attribution).

Identifier les ressources, qui, si elles sont absentes ou défaillantes, mettent en périls le succès, c’est prendre conscience que certaines personnes sont « sur le chemin critique » du succès et que cela constitue un risque : le risque de ne pas être en mesure de reproduire le succès. La seconde étape consistera à mettre en oeuvre la duplication de ces ressources par le partage, la formalisation, la formation, la répartition des connaissances indispensables.

BeetleDo peut alors servir de support à la connaissance, d’outil de planification de la formation, de répertoire des compétences, etc…

Faire en sorte qu'il n'y ait plus de ressources-clés

Certains biais nous conduisent à accepter, sans trop réfléchir, la première solution qui nous vient à l’esprit (biais de disponibilité en mémoire) et à faire l’économie de chercher des alternatives (illusion de savoir) ou d’examiner un nombre raisonnable de paramètres.

Faire les évaluations objectives des objets, ressources matérielles, c’est mettre en place une stratégie d’évaluation qui permet de recueillir assez de données pertinentes pour prendre des décisions éclairées.

En faisant cela, je me mets à l’abri des objections que les autres ou moi-même pourrons formuler dans le sens où elles ne me déstabiliseront pas parce que j’aurais déjà fait une partie du travail de remise en question et ainsi conforté mes choix passés ou à venir. 

Benchmarker

Les biais cognitifs sont souvent des symptômes de la volonté pour le cerveau de faire des économies d’énergie. Autrement dit, tout changement demandant un effort pour être durable va avoir tendance à s’effacer. Il faut maintenir une dynamique et le faire à moindre frais, ce qui semble contradictoire.

Parmi les biais, certains font la part belle aux paramètres stables (l’erreur fondamentale d’attribution privilégie les facteurs personnels au détriment des facteurs conjoncturels). D’autres font considérer que la conjoncture est toujours favorable in fine (croyance en un monde juste). Ils nous confinent dans l’action et nous font penser que la prise de recul n’est pas utile ou pas une priorité.

 Assurer une évaluation périodique des processus et des pratiques pour ajuster les uns ou les autres (définir comment faire un peu mieux ou comment mieux appliquer les recettes élaborées) permet d’apporter l’eau qui maintient le moulin en mouvement. Dans un cycle perpétuel : Faire le bilan > Identifier des ajustements > Les mettre en oeuvre > Les évaluer. Soit le cycle est lié au calendrier, soit au découpage du projet. Dans le premier cas, on pourra utiliser les activités récurrentes de BeetleDo. Dans le second, un chaînage d’objectif, actions de réalisation, actions de vérification, décision. Il s’agit de limiter l’effet des biais cognitifs qui nous font confondre économie et paresse.

Organiser l'amélioration continue

Travailler en équipe, c’est partager des rôles et des responsabilités. Ne pas prendre le temps de les identifier et de les poser sur le papier, c’est laisser un peu plus de place au biais d’auto complaisance, tendance à s’attribuer une bonne part du mérite du succès et à considérer que les autres sont responsables des échecs.

Définir une matrice RACI, c’est construire un tableau où chaque ligne est une activité élémentaire. En colonne, j’identifie (« A ») qui rend des comptes (une seule personne ou entité possible, mais il en faut nécessairement une). J’identifie (« R ») la ou les personnes qui réalisent l’activité. J’identifie (« C ») les personnes consultées et (« I »), les personnes informées. Si on veut représenter une matrice RACI avec BeetleDo, utiliser une liste de choix personnalisée pour identifier les acteurs et des tâches « A faire » pour décrire les contributions.

Cette matrice est généralement assez largement communiquée. Ceci permet de savoir qui est impliqué et comment. En conséquence, on réduit le risque de volatilité et de rétention d’information.

Formaliser "qui fait quoi"

Le cerveau est naturellement plus sensible aux expériences négatives qu’aux expériences positives (biais de négativité). Il nous appartient donc, pour entretenir la motivation, d’insister sur le positif.

Par chance, si le succès a un coût, le revivre est presque gratuit (si on peut se passer de champagne). Et le bénéfice émotionnel est quasi identique! D’autre part, le sentiment d’accomplissement de soi est l’un des leviers les plus puissants. Constater les progrès réalisés et identifier les perspectives de faire mieux encore au travers de rétrospectives ou de travaux de capitalisation des acquis est utile, périodiquement, à condition d’éviter l’amalgame entre « faire mieux » et « devoir faire plus ».

BeetleDo propose des outils et le site, des clés de compréhension.

Célébrer ce qui mérite de l'être

 Certains biais sont symptomatiques d’une déconnexion aux émotions ou au contraire, renvoient à une « surémotionalité » qui nous déconnecte de la logique. Il s’agit, par exemple de l’effet boomerang (persistance de tentatives de persuasion),  du biais d’ancrage (qui fait qu’une information ordinaire devient une référence absolue), de l’effet de simple exposition (qui fait que la répétition engendre un ressenti positif).

A la survenue d’un ressenti, identifier factuellement le déclencheur.Puis identifier le besoin sous-jacent. Ensuite, formuler une demande ou une demande de connexion…. c’est de la CNV ! (Communication Non-Violente). BeetleDo met également à disposition une roue des émotions dans ses modèles standard.

Analyser ses émotions

De nombreux biais ont un effet significatif du fait que nous sommes seuls par rapport à une situation (de fait ou par choix) et/ou pas en mesure de faire appel à la logique. Seuls face à la répétition de l’information (effet de simple exposition), seuls pour déterminer la validité d’appartenance (effet Barnum, biais de représentativité ou biais de faux consensus), seuls avec mon égo pour m’évaluer (effet Dunning-Kruger).

Formaliser l’évaluation (méthode, objet, critère, contributeur) et la mettre en oeuvre quand cela est utile. Demander du feedback sur des choses précises. Demander à des personnes qui partagent des rôles et responsabilités similaires permet une auto critique constructive.

L'évaluation par les pairs

La ritualisation permet des économies d’énergie pour notre cerveau. Encore faut-il ne pas se laisser piéger par ces raccourcis comme avec l’illusion de contrôle.

Prendre l’habitude, automatiser, des activités de planification, d’évaluation, de célébration, de respect de ses engagements. C’est travailler collectivement avec les mêmes bonnes pratiques. Prendre l’habitude de prendre du recul face aux événements qui le permettent, c’est contrer les raccourcis trompeurs.

La ritualisation permet de maintenir une dynamique de changement à moindre frais, en toute autonomie. Pas besoin de rappels de tâches inachevées décourageants! BeetleDo, grâce aux activités récurrentes vous propose un modèle de ritualisation et des encouragements à l’assiduité. Parce que l’amélioration continue vous emmènera plus loin que le changement radical et ponctuel. 

Ritualiser ce qui mérite de l'être